Echelle | Collection du Mucem,
Exposition Ruralités,
Commissariat Ed. de Laubrie
Contenant | Contenants,
Exposition Ruralités,
Mucem
Das Ländische fest | Daniel Hopfer, Fête rurale, vers 1520
Voyageurs |
Déesse |
Et in arcadia ego | Nicolas Poussin, Et in arcadia ego, 85 × 121 cm, 1640, Louvre
Öö (La Nuit) | Vincent Chevillon, Öö, 105 × 30 × 30 cm, 2011
Apiculteurs | Bruegel l'ancien, 30,9 × 20,3 cm, 1568, bréda
Locomotive | Héloïse Hersilie, Récolte de la canne à sucre et transport à l'usine par train, 1936
Mooo | Vincent Chevillon, Mooo, 11.2014, Kunsthalle mulhouse
Prince | Vincent Chevillon, Le Prince (Phallus de la Reine) , 180 × 180 × 120 cm,, 2014
Jaggernaut | Vincent Chevillon,
Jaggernaut (The Spermwhaler's dream),
Image générée aléatoirement à partir du programme Spwd,
2013
Tempête | Usagi, 12.02.2014
Noix trilobée | Noix trilobée,
Provence
Arles, Museon Arlaten.
Inv 2312
Mesure temps pour irrigation | Région de l'Atlas, Maroc,
Cuivre,
Exposition Ruralités,
Commissariat Ed.de Laubrie
Coll. Qui Branly
Satellite dish |
masque du soleil | Nuxalk, Masque du soleil, 48 cm, 1850, Linden Museum
Stonehenge | Mégalithes
Lune |
Intrusion |
Rain maker | Rainmaker
Rain maker 2.3 |
Wax |
Voiles | Test pour la voile du Rainmaker
The Rainmaker (detail) | The Rainmaker
(Detail)
Vincent Chevillon
Matériaux divers
3 x 3 x 5 m
rainmaker 3.0 | The Rainmaker
Matériaux divers
3 x 3 x 5 m
Atelier de l'artiste (Semencerie)
The Rainmaker 3.1 | The Rainmaker
Vincent Chevillon
Matériaux divers
3 x 3 x 5 m
Mucem
Et in arcadia ... | Image extraite du programme Spwd.
Vincent Chevillon
Exposition Et in arcadia ...
Mucem
Musée de Naples |
Cellier Géorgien | Archive de l'anthropologue Edouard de Laubrie
Mucem
Et in arcadia... (4) | Image extraite du programme Spwd.
Vincent Chevillon
Exposition Et in arcadia ...
Mucem
Grenier |
Et in arcadia... (3) | Image extraite du programme Spwd.
Vincent Chevillon
Exposition Et in arcadia ...
Mucem
Ruche cévenol | Ruche cévenol,
Vincent Chevillon

Les poètes sont ceux des mortels qui, chantant gravement le dieu du vin,
ressentent la trace des dieux enfuis, restent sur cette trace, et tracent ainsi aux mortels, leurs frères, le chemin du revirement. Mais qui des mortels est capable de déceler une telle trace? [...]
Etre poète en temps de détresse, c’est alors : chantant, être attentif à la trace des dieux enfuis.
Voilà pourquoi, au temps de la nuit du monde, le poète dit le sacré. Voilà pourquoi, dans la langue de Hölderlin, la nuit du monde est la nuit sacrée.

mÖÖm | Vincent Chevillon, mÖÖm, 2014
mer des crises 2 |
Aristée et Protée | Wenceslas Hollar, Aristée et Protée, 30 × 20, 1650

A partir du paysage: Parce qu’il s’est ramassé sur lui-même et s’étage en dimensions lisibles. D’un seul tenant, l’ouverture d chaleur barrée de pluie ; plus à fond, ces brisures qu’on perçoit quand la terre s’ouvre. Au nord du pays, l’enlacement de verts sombres que les routes n’entament pas encore. Les marrons y touffèrent leurs refuges. Ce que tu opposes à l’évidence de l’Histoire. La nuit en plein soleil et le tamis des ombres. La souche, sa fleur violette. Le lacis des fougères. La boue des premiers temps, l’impénétrable originelle. Sous les comas disparus la rectitude des mahoganys que des anses bleues supportent à hauteur d’homme. Le Nord et le Mont se marient. On y échoua ces populations de l’Inde qui furent trafiquées au XIXe siècle ( comme pour parfaire la totalité de la Relation) et que nous appelons Coolies, en Guadeloupe Malabars. Aujourd’hui les plantations rases d’ananas ouvrent des brèches d’aridité dans ces aplombs. Mais leur plat rêche est dominé de l’ombre des grands bois. Les grévistes du Lorrain, coolies et nègres, tous martiniquais, y furent pris au piège en 1976 : Ils houèrent du coutelas le plat des feuilles damées de sang. _ _Au Centre, l’ondulé littéral des cannes. Le mont s’apprivoise en mornes. Les carcasses d’usines s’y tapissent, portant témoignage de l’ancien ordre des Plantations. A l’embouchure du soleil couchant, faisant limite entre les Hauts du Nord et ces plats du Mitan, les ruines du château Dubuc où débarquèrent les traités ( c’est l’écho de Gorée d’où ils partirent) et où des geôles d’esclaves dessinent encore leurs souterrains. Ce que nous appelons la Plaine, où dégorgeait la Lézarde et d’où les crabes ont disparu. On y a mastiqué le delta des semblants d’entreprises, d’un aérodrome. A la main tombante, l’échelonnement des bananes, rideau d’écume verte épaisse entre la terre et nous. Sur les murs d’une maison du Lamentin les traces de balles posées là en étoiles depuis ce jour de nous ne savons plus quelle année où trois grévistes de la canne furent abattus par la gendarmerie. Le Sud enfin, où les cabris s’égaillent. L’émoi des sables, oublieux de tant qui chevauchèrent les troncs de coco, essayant jadis de rejoindre Toussaint Louverture dans le pays d’Haïti. Ils moururent au sel de mer. Leurs yeux chavirent dans notre soleil. Nous nous arrêtons, ne devinant pas ce qui nous alourdit là d’une gêne innombrable. ces plages sont à l’encan. Les touristes les réclament. Frontière ultime, où sont visibles nos errances d’hier et nos perditions d’aujourd’hui. Il y’a ainsi des temps qui s’échelonnent sous nos apparences, des Hauts à la mer, du Nord au Sud, de la forêt aux sables. Le marronnage et le refus, l’ancrage et l’endurance, l’Ailleurs et le rêve. (Notre paysage est son propre monument : la trace qu’il signifie est repérable par-dessous. C’est tout histoire.)

Prométhée | Aaron Logan (photographe), Burning Man (Festival), 2004, Burning Man
Hanged | Timothy H. O'Sullivan

Le concept d’ubris, qui oppose la démesure insensée à l’ordre gouverné par la raison, se lie à Dionysos, à ses avatars et à ses entreprises — et, de façon plus générale, aux « mystères ». Cette figure divine est mobile, difficilement saisissable, et masque des visages multiples qui se cachent l’un l’autre. L’incertitude et le non-lieu caractérisent au premier abord ce dieu : il est né d’une mère mortelle, il a une double naissance, humaine et divine, il se plaît au jeu de l’étranger (à être le « dieu-qui-vient »), il n’a pas de domaine aux limites précises, pas d’emplacement fixe, et ses fidèles l’honorent là où leur groupe s’arrête, il choisit l’errance ; mais il n’en est pas moins un dieu de l’intérieur, il a sa place à côté des titulaires de temples et dans les fêtes anciennes de la Cité, notamment celles des phratries, celle du vin nouveau et des morts. C’est de sa puissance. de sa dynamis qu’il tient sa capacité de multiplier ses formes et de passer les frontières, dont celle qui sépare le monde des vivants au monde des morts. Il efface les coupures et brouille es classements, jette des ponts et fait communiquer ce que l’ordre doit nécessairement séparer pour être et se maintenir. Dionysos abat les barrières dressées entre le divin, le sauvage et le social. Ses fidèles tentent d’échapper à la condition humaine par une véritable régression, une fuite dans la bestialité ; ils s’ensauvagent, se comportent comme les grands carnassiers ; ils pratiquent le vagabondage dans l’espace non domestiqué et se repaissent alors de viandes crues. Leur dieu aime manger cru, frénétiquement, en donnant à cette violence — qui contredit le sacrifice civilisateur — une allure dramatique : elle est le terme d’une chasse éperdue qui débouche sur le déchiquetage de a bête à mains nues et l’engloutissement des chairs encore chaudes. L’ordre des hommes, de la Cité, est transgressé, subverti par cette dévoration; mais l’extrême sauvagerie que Dionysos entraîne avec lui « conduit du même coup à effacer toute distance entre divin et humain». « L’âge d’or côtoie sans cesse l’état bestial ; et Dionysos passe sans transition d’un monde paradisiaque aux folies de la chasse sauvage”. » Si un ordre est nié, l’actuel, c’est à l’avantage de celui, mythique, qui était au commencement, où rien ne séparait ni ne limitait et d’où toute rareté était exclue. Après la violence rituelle, la sexualité, menaçante lorsque rien ne la réfrène et qu’elle dispose d’une liberté dévoreuse. Dionysos est l’ « homme-femme » selon la qualification d’Eschyle. En lui les deux sexes ne peuvent se séparer et toutes ses manifestations mettent en cause l’élément féminin — sa compagnie est d’ailleurs celle de femmes arrachées à leur univers domestique. ll a vocation pour l’inceste, en conférant à l’union par mélange des générations, rituellement célébrée dans les cultes à mystères, un effet bénéfique. ll est l’ « amant de la reine », à Athènes, au moment culminant de la fête des fleurs, et, par cet acte, c’est la Cité, en la personne de toutes les femmes, qu’il épouse. Le dieu redoutable impose une fois l’an à cette cité dont toutes les normes sont masculines une union qui la fait femme ; pendant trois jours, il est le maître ; « il est plus fort que l’ordre olympien, et il remporte cette victoire à la tête d’une armée infernale qui attaque d’en bas ». La transgression sexuelle ritualisée, réitérant l’union toujours néfaste des dieux et des mortelles, figure le plus grave de tous les dangers : celui qui atteint la collectivité en ses assises domestiques, les fissurant et ouvrant passage aux puissances destructrices. Dionysos est associé au phallus, à une puissance d’engendrement qui lui permet de renaître éternellement de lui-même. A l’occasion de ses fêtes, il y a des phallophories, comme à Délos où un gigantesque phallus de bois doit être charrié ; bien davantage qu’un symbole masculin, celui-ci est l’affirmation d’un vouloir-vivre capable de briser tous les obstacles et de triompher de la mort — ce que Nietzsche estimait être la réalité fondamentale de l’instinct hellénique. Cette poussée vitale se révèle génératrice de brouillage dans les classements sociaux et de ruptures, créatrice de liaisons ou de communications interdites, propagatrice de mouvement et d’un désordre qui porte en lui la fécondité absolue. Dionysos fait parcourir le chemin à l’envers : les femmes qu’il entraîne rompent le mariage, ce passage qui les a conduites « de la sauvagerie à la civilisation ». Elles abandonnent l’espace civilisé, le foyer, et rejoignent les « lieux sauvages » afin de s’y livrer au libre mélange, elles renoncent à la tutelle d’Héra, la déesse matrimoniale, elles rejettent leur statut ‘épouses. Ces bacchantes ont fort mauvaise réputation, elles sont assimilées à des courtisanes qui « vont servir dans les déserts le bon plaisir des mâles» ; elles sont considérées comme des débauchées qui cachent leur débauche sous le couvert de « prétendus mystères », célébrations où l’orgie (« sur la montagne ») et la possession mystique se confondent. Dionysos est le maître tout-puissant des esprits, il s’empare des fidèles et leur impose la mania, cette démence à laquelle aucune force ne saurait résister ; par lui, une religion de polarisation orgiastique est confrontée aux religions fondatrices de l’ordre. Le rituel dionysiaque repose sur la croyance que toutes les manifestations de la vie se réduisent à un principe dont le dieu est la personnification ; lorsque celui-ci surgit en chacun des adeptes, au moment de la transe, il se produit une véritable appropriation du jaillissement vital, de cette exubérance toute soumission à un ordre. L’interprétation d’esprit psychanalytique fait du culte dionysiaque un moyen d’abaisser la frontière entre sol et l’autre, de vaincre l’altérité, de parvenir à une fusion communielle dans la participation collective au flux vital. Ceux que le dieu emplit de sa présence constituent d’ailleurs un groupe informel, le thiase, où se mêlent femmes et hommes, esclaves et citoyens : une communauté sans bomes et sans coupures exclusives. Dans la même perspective, le dionysisme a paraît comme offrant aux fidèles la possibilité « de vivre pleinement l’ambivalence du désir », de vider la mort de son sens redoutable, de dresser l’écran de la folie provoquée et rituelle face à la menace de la folie subie. En suivant Dionysos, il est possible de dresser l’inventaire des transgressions auxquelles la pensée grecque a ouvert le monde qu’elle organisait, de lever la carte des lieux de désordre auxquels elle devait faire lace au sein d’un cosmos ordonné selon sa raison. Le dieu excessif, mobile et maître de tous les égarements, générateur aussi de toutes les inquiétudes, brouille les formes par lesquelles l’ordre social est défini, bouleverse les valeurs fondatrices, nourrit l’exigence de dépassement individuel et de salut, autant que la protestation d’où naissent les forces de rupture et de subversion de la Cité. Pour ces raisons, et parce qu’il semble contredire la rationalité qui gouverne le monde grec, Dionysos apparaît comme l’étranger, « l’autre installé dans la polis ». En celle-ci, il a et il n’a pas sa place. Euripide a donné de cette contradiction une illustration dans Les Bacchantes : le retour de Dionysos à Thèbes y engendre le désordre et la conduit à l’éclatement ; mais le dieu montre dans le même temps qu’une cité entièrement gouvernable, toute tenue en son ordre, est en fait déjà morte. ll faut que le mouvement, porteur de vie et de renouvellement, mais aussi de mises en question et d’épreuves incessantes, trouve son cheminement. Ordre et mouvement doivent être ensemble, équilibres et processus loin de l’équilibre doivent coexister, comme la raison et ce qui la contredit jusqu’à l’apparence de la folie. On a dit de Dionysos qu’il lie deux systèmes de représentations du monde, deux logiques (à commencer par la masculine et la féminine), deux aspects indissociables — l’ordre de la rationalité et le désordre qui déborde celle-ci et la ravive. On a dit que Dionysos « est le lieu de toutes les contradictions majeures que la raison humaine est impuissante à assumer » ; parce qu’il provoque l’irruption de l’irrationnel et du sacré au centre de la Cité, « il est le paroxysme même de la tension tragique ». Si le dieu est l’ « emblème de la subversion dans l‘hellénisme », il en est tout autant la présence ineffaçable. il est le conquérant qui a droit au triomphe, son culte occupe une large place dans le calendrier religieux, mais sous la forme d’un système rituel ouvert aux possibles que la religion ordonnée ignore ou censure“.

Le joueur de flûte de Hamelin | The Pied Piper of Hamelin
James Elder Christie (1847–1914)
National Galleries of Scotland, Scottish National Gallery
Utopia | Utopia (le titre complet en latin est De optimo rei publicæ statu, deque nova insula Utopia, ou par extension, Libellus vere aureus, nec minus salutaris quam festivus de optimo rei publicæ statu, deque nova insula Utopia) est un ouvrage de Thomas More paru en 1516. Il s'agit d'un livre fondateur de la pensée utopiste, le mot utopie étant lui-même dérivé de son titre. L'ouvrage a connu un succès particulier en France au xviie siècle et au xviiie siècle.
Le titre est construit d’après une racine grecque signifiant « lieu qui n'est nulle part », οὐ τοπος (ou topos) en grec1.
Bien que Thomas More ne fût pas économiste, mais juriste, historien, théologien et homme politique, Utopia, qui n'était pas un traité d'économie, mais plutôt une satire de la société de son temps, fut repris au xixe siècle pour construire des théories économiques.

Les larmes de Byblis
Savez que Pan est mort? Celui qui me l’a dit c’est ce gros poisson fou qui fait tant de bruit tous les soirs en remontant le ruisseau. Il dort là-bas sous le cresson. Il m’a dit : » On a entendu un cri comme si on égorgeait un cochon. »
Le ciel s’est penché, les nuages, ont glissé sur l’azur. Ils étaient entassés au fond de la mer comme une montagne d’ombre. Il m’a dit : » Moi, je m’amusais avec les vagues et tout d’un coup j’ai vu! Il était mort. »
Il s’en allait vers le large avec une pastèque pourrie et un vieux cordage.
Les dieux s’en vont et Zeus a passé près de moi. C’était pendant le calme de la mi-nuit. le vent portait déjà des feuilles mortes. Des vols de feuilles mortes traversaient la nuit en effaçant les étoiles. Zeus est venu. Il marchait dans le chemin comme un homme, mais il parlait comme les eaux. Il m’a dit : » Petite, je vais garder les boeufs chez les montagnards.
« Sauterelle, où vas tu? _Sur l’autre rive versant du bois. _Mante verte, où vas-tu? _Sur l’autre versant du bois. _Pourquoi quittez vous la clairière si fraîche? Vous le savez pourtant où vous allez, là-bas, les feuilles à poison et l'humide chaleur de l’herbe vous tueront. _Ecoute, source, tu ne sais pas, toi, tu es là attachée à ton rocher comme un paquet de cheveux blancs. On va te dire. Ecoute : il ne faut plus aller dans la clairière aux sapins. Au milieu des hautes herbes, les Erynnies se sont cachées. Elles sont là et elles guettent les dieux.
Ce matin, elles ont étouffé Vénus, et elles ont dansé sur elle avec leur large pied de fer, et le sang a ruisselé d’elle comme le vin d’outre foulée. Maintenant, c’est une harpie qui règle les jeux de l’amour.
« Ah! source, approche-toi, je n’en peux plus. Un peu de toi sur ma langue. _Pigeon, pauvre pigeon! _Vite à boire! si tu savais! là-bas à la corne du bois d’olivier il y a trois sangliers qui creusent la tombe d’Apollon! »
Midi. Vent mort. Du haut du ciel tombe une fleur que je ne connais pas. Qui est-tu fleur? « Artemise, je suis une paysanne. le vent m’a prise et je volais, là-haut. _Fleur. j’ai connu quelqu’un qui s’appelait comme toi. C’était une femelle de dieux. Je l’ai bien connue, elle venait et je lui léchais les pieds. Elle attendait la nuit. Quand les deux cornes de la lune dépassaient la colline, elle entrait en moi comme un couteau.
Une dryade perdue frappe à l’écorce du chêne. Elle a peur. Un crapaud la guette. Un roi des crapauds. Un crapaud riche avec des diamants pleins le dos. Il saute, elle s’envole; il saute, elle s’envole. Toc, toc, elle toque à l’écorce du vieux saule. C’est la maison du satyre. Il ouvre. Il rit, il a des poils ardents et tout en cuisse et tout en… elle hésite, mais le crapaud! Elle entre.
Un troupeau de faunes traverse la colline en bêlant comme des chèvres.
A l’aube, la Dryade sort du saule. Debout dans l’herbe, elle se lisse les hanches et penche sa tête pour respirer l’odeur de ses reins, de sa peau; ça sent le bouc. Sa main ronde comme un bouclier bouche le bas de son ventre.
Derrière les collines un orage charrie des pierres pour lapider les buissons de roses.
L’amour du satyre est décevant. Au fond ce n’est qu’un bouc. Autrement dit… La dryade est venue vers moi, la source. Elle s’est accroupie sur moi. Elle prenait ma fraîcheur dans ses mains; elle a apaisé son corps. Alors le crapaud s’est levé et il s’est avancé en clopinant. Il s’est mis sur son trente et un. Tous les diamants de son dos ruissellent du pus luisant. Par fantaisie, il a pris son parapluie en feuilles de bardane. Et la Dryade a recommencé à courir, de-ci de-la, quêtant un abri chez les arbres.
Un nuage me pénètre de son ombre. C’est bon, l’Amour!
« Belette, pourquoi hausses tu tes pattes quand je te touche. Je ne brûle pas. Belette. _non source, tu me mouilles. Avec la terre, ça fait de la bou. Je préfère les épines, ça afit du snag, ça blesse, ça ne salit pas.
« Voilà l’hiver. Le gel et le silence, enlacés, parcourent le bois. Le trou d’eau, où se mirait la vie des feuilles et le ciel, est pareil à un oeil crevé.
D’où m’est arrivé? Elle a sifflé et s’est plantée à côté de moi.
C’est bien l’hiver, les hommes ont faim. Elle était faite d’un jeune brin d’osier, cette flèche, et voilà le printemps est venu par les plaines et les montagnettes : dans l’entaille qui épousait la corde de l’arc un petit bourgeon vert se gonfle.
Et voilà le petit Centaure? Depuis deux jours je l’entendais courir sous bois cassant des branches comme un vent. Il vient de passer Il jouait une marche allègre sur un syrinx de canne. Et il pétaradait l’insolent. Il ne va pas trder, lui aussi, à aller le soir à la lisière du bois, fou, le cou tendu, hennir joyeusement vers les filles des hommes. « Byblis, source! _Qui m’appelle? _Moi la pie. Je suis sur la branche de ce pin, j’ai un bonjour à te donner. C’est de Zeus. Tu te souviens de lui? Eh bien, il est là-haut dans la montagne. Un endroit où il pleut tous les jours. Il s’est loué chez les paysans mais il est juste bon à mener paître les buffles. Son aigle s’est cassé la patte. L’autre jour il a voulu embrasser une fermière. Il est toujours le même. Il a reçu une belle gifle. » J’ai revu le jeune Centaure. Il est venu se laver à l’étang. Il avait la poitrine tout égratignée et le dessous du ventre plein de sang. Il est allé au village voler une femme. Elle a hurlé tout la nuit. Et elle est morte le matin sous l’amour énorme.
« Laie, cesse de me piétiner, et dis moi, j’entend une chanson nouvelle, une voix d’arbre qu’est-ce que c’est? _Source, l’été dernier avec mes deux mâles nous avons enterré Apollon sous les funèbres oliviers. Et voilà que de la fosse un grand arbre s’est levé. C’est le cyprès. c’est lui qui chante. »
Ni le corbeau, depuis longtemps, ni la pie, et ni le merle, ne m’ont parlé de Zeus. la dernière fois ils m’ont dit (il y a quatre hivers de cela): » Source, tu ne le reconnaîtrais plus, il est sale. Il boit de l’eau-de-vie de cerise. Un soir, au fond de l’écurie où il couche, il s’est taillé la barbe avec les ciseaux pour tondre les mulets. Il aime d’amour une grosse pastoure aux fesses de jument, elle le floue devant lui avec un idiot à goitre. Alors il fait de la musique aux paysans avec un accordéon qu’il étire douloureusement entre ses bras. » Un long javelot est venu et il a cloué le petit Centaure contre un platane. Il a piaffé, et il a rué, et il hurlé. C’est si difficile de faire entendre raison à un javelot tout en fer. Maintenant, il y a un gros paquets de mouches dans les yeux et dans la bouche de Centaure.
Et la Dryade est morte aussi, puisqu’elle est là, étendue dans l’herbe sous les caresses du crapaud. Les hommes entrent sans dans le bois sacré. Ils ont apporté à deux pour la laver la statue du nouveau dieu. Il est cloué sur une croix comme un voleur, et s’il est nu, c’est pour qu’on voit son coeur comme un fruit rouge. Je suis la dernière. je me souviens! Les autres dieux! Je suis la païenne, mais parce que je suis faible et goutte à goutte je pleure comme eux, les hommes m’ont laissé vivre.

Black face | Minstrels Showbill,
Ph. Walker Evans
Pierre de rosette | Pierre de Rosette
Granodiorite
112,3 x 75,7 x  28,4 cm
762 kg
S13 (Morning Star) | Vincent Chevillon, S13, 2009
Cuve |
Observatoire de l’île St Paul | Île St Paul. Les observatoires mobiles., Île St Paul
Nuage | Wolke, Gerhard Richter,
lithographie offset, noir et gris sur carton clair
44 x 44,2 cm (64 x 60 cm),
1993
Petroglyphes | Pétroglyphes guanches
Vincent Chevillon,
Site de Buracas, La Palma, Canaries
2013
Arène |
« Et cela à l’infini » | Robert Fludd, The primordial darkness of the universe at the moment before creation, 20×20, 1617
Olympieion | Konstantinou, Dimitrios
Musée de l'Institut d'Archéologie classique de Strasbourg
Kokopelli | Représentation du Kokopelli
L’oeil comme un ballon bizarre | A Edgar Poe, planche I "L'oeil comme un ballon bizarre se dirige vers l'infini", 1882

[...]Quelquefois, de l’orage avant-coureur brûlant,
Des cieux se précipite un astre étincelant,
Et dans le sein des nuits, qu’il rend encor plus sombres,
Traîne de longs éclairs qui sillonnent les ombres :
Tantôt on voit dans l’air des feuilles voltiger,
Et la plume, en tournant, sur les ondes nager.
Si l’éclair brille au nord, de l’Eure et de Zéphire
Si la foudre en éclat ébranle au loin l’empire,
Alors, ô laboureur ! crains les torrents des cieux ;
Nochers, ployez la voile, et redoublez vos vœux.
Que dis-je ? Tout prédit l’approche des orages :
Nul, sans être averti, n’éprouva leurs ravages :
Déjà l’arc éclatant qu’Iris trace dans l’air
Boit les feux du soleil et les eaux de la mer ;
La grue, avec effroi s’élançant des vallées,
Fuit ces noires vapeurs de la terre exhalées ;
Le taureau hume l’air par ses larges naseaux ;
La grenouille se plaint au fond de ses roseaux ;
L’hirondelle en volant effleure le rivage ;
Tremblante pour ses œufs, la fourmi déménage ;

Et des affreux corbeaux les noires légions
Fendent l’air qui frémit sous leurs longs bataillons. [...]

Tables
  • What grows on whale, remains.

    [A lack of hearing]
  • GUSTAW OR THE HARVEST OF SORROW

    [superstorm]
  • Le silence d'un monde

    [A Lack of Hearing]
  • Tohora

    [A Collection]
  • A long way

    [A wake of whales]
  • Selfportrait

    [Possession et dépossessions]
  • Survies-Territoires autonomes-Grands effondrements

    [Systèmes complexes]
  • What_shores?_balise

    [What_shores?_balise]
  • Lisières

    [Les peuples de l'Ombre]
  • Et in Arcadia...

    [Lisières]
  • Lacryma

    [Lacryma]
  • One of Us - Une communauté -

    [Groupe de recherche HEAR1]
  • Newland

    [Lisières]
  • archipels.org (Genèse)

    [1.0]
  • La peau comme support

    [tatouage(s)]
  • City

    [Multivers]
  • L’ombre de Chthulu

    [Pratiques de l'Ombre]
  • Saudade

    [MES04]
  • …raising cai(r)n…

    [SEMES]
  • Noise from order

    [bruire]
  • Mme Langlois

    [Moodboard]
  • Autant que faire se puisse

    [LEEL]
  • MEDIUM(S)

    [re-Composition]
  • (FULGURANCE |) THROUGH THE LOOKING GLASS | TRANSLATION

    [Séquences-titres (10-12/12)]
  • METATOWN SPIRIT | SÒ | VOLUTION

    [Séquences-titres (7-9/12)]
  • MASCARADE | MORPHE | TRANSFIGURER

    [Séquences-titres (4-6/12)]
  • AFRONAUTS | BLUES | LONG ROAD

    [Séquences-titres (1-3/12)]
  • édition [PROTOTYPE]

    [https://mediums.cargo.site/]
  • amon.cellemen.t

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  • (res-)sources

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  • utopies réalisables. politique et création de l'utopie au présent

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  • D’un monde à l’Autre (Cartographie des imaginaires rapportés)

    [Sauves]
  • Il n’y a que des ombres à confier au silence.

    [Outpost]
  • Les métamorphoses 2

    [Les propriétés du sol]

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  • The Spermwhaler’s dream
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